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L'éphémère-Ride Page littéraire

5 novembre 2008

Très belle victoire!

Un petit mot. Simplement parce que.original
Je suis ravie de la belle victoire de Barack Obama, porteur d'un formidable espoir, d'une nouvelle lumière, dans un monde troublé, assombri. "Yes, we can"
Un moment fort.

Tous les journaux du monde ont salué cette victoire mais j'ai trouvé la Une du Times particulièrement belle.

Dossier du Courrier International

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30 octobre 2008

De la crise et du vert!

La lecture est certes une de mes activités préférées, il n'empêche que je ne vis pas dans une tour d'ivoire* et que j'aime aussi m'intéresser à l'actualité.
Ces dernières semaines, la crise financière a mobilisé toutes les rédactions de divers médias.
Comme de nombreuses personnes, j'ai cherché à comprendre, je me suis intéressée aux mécanismes financiers, bancaires qui ont conduit à la situation que l'on connaît.
Plusieurs sites m'ont été d'une grande aide, en particulier celui d'arretsurimages.net auquel je suis abonnée et qui a proposé de nombreux articles de fond et deux émissions sur le thème.
Il a également mis en ligne une vidéo qui semble-t-il a eu beaucoup de succès sur le net, "L'Argent-dette", accompagnée de commentaires qui cherchent à attirer l'attention non seulement sur le caractère allégorique et pédagogique de ce document (un bon point!) à travers la fable du vieil orfèvre mais aussi sur sa tendance  à évoquer complots et conspirations des banquiers et à flatter ainsi les préjugés des spectateurs de ce documentaire...  **

A l'argent, on associe souvent la couleur verte. Lorsqu'on se penche sur la symbolique de cette couleur, on découvre qu'on associe à cette teinte à plusieurs termes :

* au destindee3cc7c_8d47_11dc_bc57_58fb25fc9889

* à l'écologie, à la nature

* à la jeunesse, l'inconscience, la folie

* à la liberté (ex : le feu vert)

* à l'étrange et au diable

* au poison

Des symboles très divers. Parfois positifs, parfois négatifs. En réalité, cela s'explique par le fait que le vert soit une couleur "instable", un mélange de bleu et de jaune. Il existe donc une certaine dualité illustrée notamment par la symbolique du destin, de la chance et de la malchance (on joue aux dés sur un tapis vert...) et donc de ce qui bouge, qui fuit, que l'on ne peut saisir. Le vert est intimement lié au hasard, à la fortune (dans ses deux sens, dans le sens étymologique de hasard et dans le sens actuel). Cette couleur a donc longtemps été celle des jeux d'argent et a fini par être utilisée par les banques. Rappelons que le dollar est un billet vert, que de nombreuses banques ont des logos aux couleurs vertes.

Pourquoi cette digression ? Parce qu'il est intéressant de voir qu'ainsi, dans l'inconscient collectif, l'argent est à double-tranchant, qu'il peut être source d'instabilité et d'angoisse mais aussi considéré comme une bonne chose, une chance.

La crise financière en est le signe évident car les analyses, commentaires politiques et journalistiques (qui soufflent le chaud et le froid, rappellent qu'il s'agit d'une situation grave mais qu'il ne faut pas paniquer surtout...) participent à cet effet. L'argent est source de liberté comme d'esclavage. Nous sommes dépendants de lui tout autant que nous espérons en avoir suffisamment ou cherchons à en avoir toujours plus pour s'offrir toujours davantage. La situation économique nous inquiète autant qu'elle nous réjouit (oui parce qu'il peut y avoir un côté jouissif à observer tout ce petit monde s'affoler mais rassurer les autres...). Étrange schizophrénie tout de même !   


* Un reproche trop souvent fait aux littéraires et aux artistes. L'origine de l'expression est expliquée ici.
** La vidéo se trouve sur Dailymotion accompagnée d'un petit décryptage d'@si.

30 octobre 2008

J'aime ton blog !

Sybilline (dont le blog Bibliophagie est une vraie mine d'or pour tous les passionnés par la lecture) m'a décerné ce prix, il y a déjà quelques semaines - que le temps passe vite ! - Je la remercie car je ne pensais pas figurer parmi cette liste... 
Cela m'a sincèrement fait plaisir !

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Il s'agit :


- de mettre le logo et les règles sur votre blog.
- de mettre le lien de la personne qui vous a attribué ce prix.
- de désigner 7 de nos blogs préférés.
- de les prévenir que vous leur avez attribué ce prix.

 

A mon tour, je vous propose de découvrir plusieurs blogs aux univers très différents et que j'aime visiter de temps à autres :

http://parolimage.centerblog.net/
http://lireouimaisquoi.over-blog.com/
http://sybilline.canalblog.com/
http://doudou.gheerbrant.com/blog2/
http://ossiane.blog.lemonde.fr/
http://aufildelart.hautetfort.com/
http://eluise-professoressa.blogspot.com/


Bonne découverte, bonnes lectures !

28 septembre 2008

Sociologie de l'argent

J'avais acheté, il y a de cela plusieurs mois déjà..., un petit ouvrage de la collection "Repères" (Ed. La Découverte) qui avait pour titre Sociologie de l'argent. Les auteurs sont Damien de Blic et Jeanne Lazarus.
J'ai commencé à le lire, lentement, parce qu'il faut que je m'accroche pour bien comprendre, n'ayant jamais reçu de formation d'économie.
Je trouve l'ouvrage clair, bien organisé.
Il y a un véritable souci d'objectivité qui est le bienvenu dans ce genre de travaux*.


Le premier chapitre s'attarde sur la condamnation morale de l'argent. On y (re)découvre que certains topoï ne datent pas d'aujourd'hui et qu'au contraire, ils trouvent leurs racines dans la pensée aristotélicienne, les écrits évangéliques et plus largement bibliques (qui dénoncent l'insatiable cupidité) et il faut reconnaître ecureuilque l'Eglise catholique a longtemps perpétuer cette "tradition"**.
Certains discours aujourd'hui reprennent même les mots utilisés en leur temps par les contempteurs de l'argent-roi : "argent Dieu", "argent comme valeur suprême"...
J'ai même appris que De Gaulle avait affirmé : "Mon seul adversaire, celui de la France, n'a aucunement cessé d'être l'argent". 
Une petite fiche explique les différents rapports des trois religions du Livre avec l'argent : si pour les Chrétiens, la richesse est vue comme un insulte face aux pauvres, celle-ci est valorisée par le judaïsme, même si l'idolâtrie est dénoncée (exemple de l'épisode du veau d'or). L'islam accorde une large place au marchand ("Un dirham qui vient du commerce vaut mieux que dix dirhams gagnés autrement.") mais condamne la thésaurisation et les pratiques frauduleuses qui permettent de s'enrichir (de même que les jeux de hasard). Ainsi, l'islam prône une attitude généreuse, modérée, dénonce l'avarice et la prodigalité.
L'ouvrage s'intéresse aussi dans ce chapitre au passage, lors du scandale du Panama (1889) du spéculateur au "bon père de famille" auquel on conseillera de placer de l'argent en Bourse sur des actions qui varient peu, stables et que l'on gardera plusieurs années. Commence à cette époque, ce que l'on appelle la "moralisation" de l'argent : l'épargne devient un moyen de résoudre la tension entre la démocratisation de l'accès à la Bourse et les condamnations morales que de nombreuses personnes gardent encore à l'esprit.

 

Le deuxième chapitre s'intitule "L'argent, une institution sociale" et cite, en ouverture, John Stuart Mill qui conçoit l'argent comme "neutre", comme le "voile" qui recouvre l'économie réelle. 7nwbkcd2
Or, plusieurs sociologues ont combattu cette idée. Pour Simiand, la monnaie n'a pas été choisie uniquement grâce à sa maniabilité. Il affirme qu'au contraire, plusieurs facteurs entrent en jeu, en particulier le facteur symbolique.
Keynes, à la même époque, s'intéresse aux motifs de détention et de demande de monnaie (spéculation...) et en conclue que la dimension temporelle jouer un rôle évident : avoir en sa possession de l'argent, de la monnaie, apaise l'inquiétude que l'on peut avoir quant à l'avenir.
C'est pourquoi l'argent est une question de confiance***, confiance qui peut être ébranlée, comme par exemple ce fut le cas le 15 août 1971, lorsque Nixon a déclaré que le dollar n'était plus convertible en or. Toutefois, on se rend compte que le dollar est une monnaie qui a toujours un poids aujourd'hui et c'est bien la preuve qu'il s'agit d'une institution sociale. On parle de l'argent comme d'un "signe pur" ou encore de "monnaie autoréférentielle" : la confiance que l'on a en elle dépend de celle que l'on a dans l'autorité qui l'émet, c'est-à-dire l'autorité politique qui joue un rôle de garant.
L'Etat cherche à stabiliser le la valeur de l'argent dans le temps en conservant le monopole de sa création. La souveraineté monétaire est clairement, donc, un élément de la souveraineté nationale, comme en témoignent le nom, la forme... d'une monnaie qui dépendent fortement d'une idéologie politique. 

 

Le troisième chapitre a pour titre "L'argent dans les sociétés modernes : pertes et profits".
Il s'agit de montrer que l'argent, dans les sociétés modernes (par opposition aux sociétés primitives****) jouent plusieurs rôles (sociaux, économiques...).
Selon Simmel, en 1900, la modernisation de la société occidentale se lit à travers le processus d'abstraction progressive de l'argent : en quittant son statut d'"argent-substance", il devient "argent-signe" et semble "épouser" les différentes qualités des produits, des objets qu'il permet d'acquérir. C'est, dès lors, une valeur, l'"objet universel du désir" (Clam, 2004), une "fin absolue" (Simmel, 1900).
Marx explique que si l'argent devient le principal dieu des temps modernes, c'est parce qu'il permet de tout acheter, de tout s'approprier et c'est pourquoi c'est une source de désir insatiable. En effet, pour lui, la société capitaliste a pour principes l'égoïsme et le "besoin pratique". Or, l'argent, précisément, répond à ces principes et donc est une source d'aliénation (= "la domination complète de la chose rendue étrangère sur l'homme").
Dans ce chapitre, les auteurs, dans la lignée de Simmel, évoquent également les pathologies liées à l'argent. On retrouve les types de l'avare, le prodigue, le cynique et le blasé. Les deux premiers placent l'argent au-dessus de tout. Les seconds, plus "modernes", ne distinguent plus de différence de valeur : puisque l'argent permet de tout se procurer, alors les valeurs anciennes n'ont plus à être respectées. Ainsi, si le cynique les reconnaît implicitement en essayant de les détruire, le blasé, lui, est incapable de les reconnaître. Aussi l'argent crée-t-il une ambivalence : il est à la fois mouvement de libération et de réification des relations sociales.
21900938_pParsons, en 1967, définit quatre libertés dont l'argent est la source : son possesseur peut acheter ce qu'il veut, de qui il veut, quand il veut et dans des conditions qu'il peut accepter ou refuse. D'autre part, l'argent crée une forme d'égalité (paradoxalement) entre les individus : une fois que l'objet est payé, les deux parties sont quittes. L'argent permet aussi "le divorce de l'être et de l'avoir" (Simmel). D'autre part, l'argent instaure un tiers entre l'acheteur et le vendeur, par exemple, lors d'une séance de psychanalyse (cf. Freud) où le fait de payer rend l' "acheteur" moins dépendant de son thérapeute.
Néanmoins, l'argent ouvre aussi la voie à de nouvelles formes de domination.
Selon Marx, le capitalisme cherche à accumuler et à accroître l'argent alors qu'auparavant, l'objectif était de faire circuler des biens, d'échanger. "La capital industriel est aussi de l'argent qui se transforme en plus d'argent" (Das Kapital, Marx).
Finalement, l'argent crée une "liberté sans objet". L'homme est en effet incapable de donner un sens à cette liberté et donc le but de toutes ses activités devient finalement l'argent. Or, lorsqu'il se retrouve riche et libre, il ne sait que faire et donc s'ennuie, s'inquiète. Paradoxalement, l'argent unit les hommes parce qu'il les sépare les uns des autres et les relations deviennent impersonnelles et instrumentales : "l'un offre ses services, l'autre paie et, dans la mesure où chacun n'est qu'un moyen pour l'autre, tous sont substituables" (F. Vandenberghe). Plusieurs travaux d'anthropologie l'ont bien montré.
Petit à petit, "les biens s'homogénéisent et perdent de leurs valeurs symboliques et sociales" affirment les deux auteurs en citant les exemples de la prostitution (marchandisation du sexe), de la vente d'organes, des services à la personne...


En conclusion de ces trois chapitres :

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il existait deux discours sur l'argent : celui de la condamnation morale qui s'actualise avec Marx au XIXe et celui des économistes qui persistent à dire que l'argent n'est qu'un voile. Les premiers sociologues de l'argent se sont appuyés sur le premier discours pour critiquer le second et ainsi ont montré que l'argent n'est pas neutre du tout. Il est à la source du comportement du plus grand nombre et donc touche nécessairement aux rapports sociaux, les modifie. De moyen, l'argent est passé à finalité, ce qui est une spécificité des sociétés modernes. 

 

 


Dès que j'ai fini l'ouvrage, je poursuivrai mon résumé. Je trouve que ces informations éclairent bien notre monde, permettent une lecture à la fois sociologique et économique de notre rapport à l'argent. C'est enrichissant.

 

 

* J'ai lu, cet été, L'Economisme triomphant d'Albert Jacquard et je dois dire qu'il s'agissait d'un livre très intéressant, instructif mais clairement partisan!
** Jusqu'au même récent discours du Pape Benoït XVI à Paris.
*** Les auteurs rappellent l'origine étymologique de "fiduciaire" : il s'agit du mot latin fides qui signifie "foi", "confiance".
**** Dans les sociétés primitives, l'argent sert essentiellement à payer et non à échanger : on donne de l'argent à des fins sociales, lorsqu'il y a, par exemple, meurtre ou mariage. En effet, la société étant fragilisée par le départ de l'un des siens, symboliquement, elle doit être "retotalisée" par de l'argent ou des biens qui serviront de compensation.

4 septembre 2008

Quelques nouvelles... des nouvelles sur la Chine!

51TqK1qqW9LJ'ai lu une bonne moitié du recueil de nouvelles La Crêperie de Pékin de P. Massonnet et je dois dire que j'aime beaucoup. Il s'agit de véritables "petits faits vrais" tirés de la Chine contemporaine. Les personnages sont - comme c'est traditionnellement le cas dans les nouvelles - décrits brièvement mais les détails qui composent leur rapide portrait se savourent. Ils forment une véritable typologie de la société chinoise. Tous les âges, toutes les classes sociales, toutes les régions sont représentés avec leurs particularités, leur charme...
Chaque nouvelle explore un recoin du pays et s'intéresse particulièrement à des êtres de papier qui prennent toute leur épaisseur au fil du texte et plus particulièrement lors des chutes, travaillées avec soin vraisemblablement par l'auteur qui ne manque pas de jouer sur l'implicite pour laisser transparaître son opinion politique. Ces remarques qui pourraient presque passer inaperçues donnent une coloration toute particulière à chaque nouvelle, celle de l'engagement, de la plume qui pique et qui titille...   
Un petit bijou en somme, bien agréable à lire!

Deux nouvelles très brèves me plaisent bien et j'ai envie de partager l'une d'elles avec vous :

"Conte chinois (impossible)
Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants." 

Elle illustre bien l'esprit du livre même si elle n'est pas représentative du tableau de la Chine d'aujourd'hui vue à travers l'oeil avisé du journaliste P. Massonnet...



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26 août 2008

Des valeurs et des régionalismes/nationalismes...

Bonsoir!

Je regarde assidument et avec plaisir l'émission Koh-Lanta, le vendredi soir, sur la première chaîne.


indexIl s'agit d'un "jeu" d'aventure au cours duquel s'affrontent deux équipes - d'une part les rouges, les Tayaks, d'autre part les jaunes, les Mingao - dans des épreuves plutôt spectaculaires d'autant plus que les candidats vivent dans des conditions extrêmes. Seuls sur leur (coin d') île à l'autre bout de la terre, aux Philippines, ils doivent se bâtir une cabane, cueillir leur nourriture (noix de coco, kamotés...), pêcher, faire du feu, le nourrir, se protéger du froid nocturne, de la tempête et surtout "survivre aux autres", comme le dit si bien le présentateur Denis Brogniart...

On découvre dans cette émission de beaux paysages car le cadre, dépaysant, est magnifique.
On découvre également des épreuves sportives originales et d'autres "mythiques" (l'épreuve des vers au cours de laquelle les candidats doivent avaler ces petites bestioles grouillantes, l'épreuve du paresseux, communément appelée "cochon pendu"...) car reconduites d'années en années  au cours desquelles les aventuriers puisent au fond de leurs réserves et font de gros efforts qui leur permettent de gagner une récompense dite de "confort" (par exemple une bonne douche et un massage, un plat de viande, des repas avec les "locaux") ou une immunité que leur assure le "Totem". Cet emblème du jeu permet à l'équipe ou à l'aventurier qui l'a obtenu d'être intouchable lors du Conseil, c'est-à-dire que le candidat ne sera pas éliminé, l'équipe ne perdra aucun membre.
On s'émerveille, on s'enthousiasme, on soutient, on commente les faits et gestes de tout ce petit monde...

Et puis on peut également prendre un peu de recul, celui de la distance critique, celui de l'analyse sociologique et psychologique. Car, mine de rien, cette expérience - et j'opte sciemment pour ce mot - est riche d'enseignements sur le comportement humain. Le comportement des aventuriers, le comportement des producteurs et diffuseurs de l'émission, le comportement des téléspectateurs.

Une question en particulier constitue la pierre d'angle de l'édifice : Comment les candidats vont-ils faire pour tous se supporter pendant près de 40 jours (pour les "meilleurs") malgré leurs différences d'âge, de conditions sociales, de caractères, de valeurs etc... ?

Au cours du dernier épisode (épisode 8), un des candidats, Christophe, ancien boxeur professionnel aujourd'hui patron de pizzerias, a tenté un "coup de poker". Il a cherché à s'allier avec plusieurs autres aventuriers pour "renverser" le chef, Bertrand, militaire et pilote d'hélicoptère. Ses camarades ont considéré son geste comme un acte de trahison et l'ont exclu symboliquement du groupe, sur l'île, puis  véritablement en votant contre lui lors du Conseil.*

MA14Je ne commenterai pas ici l'acte de Christophe. Nous n'en connaissons pas tous les tenants ni tous les aboutissants (oui, rappelons-nous que nous ne voyons qu'un montage, qu'une suite d'images superposées et scénarisées pour tenir le spectateur en haleine). Néanmoins, je souhaite en parler car Christophe est un Ch'ti, un "gars du Nord", un homme qui revendique cette appartenance au nom de certaines "valeurs" et une partie de la polémique engendrée par cet épisode est liée à cela : Christophe est selon Bertrand un traitre, un malhonnête, deux attributs qui sont toujours d'après lui, incompatibles avec les valeurs du Nord...

Deux images qui se sont suivies à l'écran et qui interrogent... Non pas parce qu'on se demande s'il s'agit véritablement d'un acte de trahison (quoique :P) mais parce que l'on aimerait savoir ce qu'entendent ces aventuriers - et plus largement les Nordistes - lorsqu'ils parlent des "valeurs" du Nord.
Quelles sont-elles ? En quoi sont-elles spécifiquement "du Nord" ?
Ce sont de vraies questions que je pose.

Parce que le mot "valeurs" me pose problème.
La question est sensiblement identique à échelle nationale : Quelles sont les "valeurs" françaises que notre pays (à travers ses dirigeants) se dit prêt à défendre ? En quoi sont-elles typiquement françaises ?


¤ Demandons-nous peut-être d'abord ce que signifie le mot "valeurs".

Le Trésor de la Langue Française nous donne cette définition (dans le sens qui nous intéresse ici)** :

IBXSGR00112491A. − Caractère, qualité de ce qui est désiré, estimé parce que donné et jugé comme objectivement désirable ou estimable. Concept, notion de valeur; valeur de la morale, du beau, du bien, du juste; valeur de la science, du progrès scientifique; valeur morale de l'action; valeur de l'individu, de la personne humaine.     Martin, avant de se faire justice d'une quatrième balle [il venait de tuer trois personnes], s'accorda un moment de réflexion et considéra les trois corps affalés, mais malgré ses efforts, il ne put s'intéresser à ce spectacle de mort, ni à la valeur de son acte (Aymé, Derr. chez Martin, 1938, p. 137):

.  Toute valeur, quelle qu'elle soit, est indivisiblement l'objet d'un désir et l'objet d'un jugement; le désir est le moteur, mais le jugement en est l'arbitre. Et les théories de la valeur s'opposent entre elles par la prééminence qu'elles accordent soit au désir, soit au jugement dans la constitution de la valeur. Mais la valeur réside dans leur union et, si l'un ou l'autre de ces facteurs manquent la valeur s'écroule.
L. Lavelle, Tr. des val., I, 196 ds Foulq.-St-Jean 1969.

 

B. − P. méton.     Chose ayant ce caractère; ce qui est beau, bien, vrai, juste. Valeurs esthétiques, morales, sociales; valeurs absolues, relatives; valeurs communes, humaines, individuelles, universelles; valeurs d'un milieu, d'une société, d'une époque; valeurs de (la) gauche; hiérarchie, changement, crise, effondrement, transmutation des valeurs; système de valeurs; avoir des valeurs; avoir les mêmes valeurs.     Devant le charnier des valeurs mortes, nous découvrons que les valeurs vivent et meurent en liaison avec le destin. Comme les types humains qui expriment les plus hautes d'entre elles, les valeurs suprêmes sont des défenses de l'homme (Malraux, Voix sil., 1951, p. 631).

La définition du Larousse est la suivante :

Ce qui est posé comme vrai, beau, bien, d'un point de vue personnel ou selon les critères d'une société et qui est donné comme un idéal à atteindre, comme quelque chose à défendre : Nous avions des systèmes de valeurs différents.


=> Cette définition est plus nuancée que celle que propose le TLF. Elle semble suggérer une certaine subjectivité et relativité ("est posé comme", "est donné comme" vs "est") dont il n'est pas fait mention dans le TLF. Le Larousse estime aussi que les valeurs sont données comme "quelque chose à défendre" donc qu'elles s'opposeraient à d'autres "choses" que l'on rejette. Ainsi l'ensemble des individus qui accepteraient d'avoir certaines "valeurs" s'opposerait à une communauté, une "société" qui en auraient d'autres.
Commence à poindre la question de l'appartenance : avoir des "valeurs" communes avec d'autres permet d'affirmer son appartenance à un groupe.


On touche ainsi de près à la question des régionalismes et des nationalismes.
Etre un Ch'ti, c'est avoir des valeurs du Nord ; être Français, c'est avoir des valeurs françaises (affirmation qui avait servi de conclusion lors d'une émission sur F3 à l'occasion des émeutes de banlieue de Novembre 2005 sans que quiconque ait demandé "quelles sont-elles, ces "valeurs" françaises ?).
rose
Posons-nous la question...


¤ "valeurs" du Nord ? "valeurs" françaises ?

Pour cerner les valeurs françaises, certains ont fait le choix de recourir aux sondages.
Voici les résultats de l'un d'eux et les "valeurs des français" plus que les "valeurs françaises" : ici.
On y trouve des "principes" vagues, larges,... Peut-on réellement affirmer que les "loisirs" ou le "travail" sont des valeurs ? Si oui, sont-ce des "valeurs" typiquement françaises ? Un Allemand, un Belge, un Italien, un Anglais ne peuvent-ils pas les partager ?
Mêmes questions par rapport aux valeurs du Nord. Sociabilité, chaleur humaine, fierté etc... sont traditionnellement les mots que l'on entend lorsqu'on évoque le sujet. Les Bretons, les Savoyards, les Corses ne le seraient-ils pas ? Tous les Nordistes sont-ils sociables ? En quoi s'agit-il de valeurs spécifiquement du Nord ?


La question est donc toujours ouverte...



Très peu d'ouvrages évoquent la question...
Vous pouvez consulter ce lien néanmoins avec profit (cours de philosophie).
Si le sujet vous intéresse, n'hésitez pas à me faire part de vos réflexions.

 

* Plus de détails sur ce forum : http://koh-lanta.gooforum.com/index.htm
** C'est moi qui souligne mais le dictionnaire qui graisse.

 

Les illustrations sont de Mucha.

14 août 2008

Parlons un peu de la Chine!

Jeux Olympiques obligent : la Chine est à l'honneur depuis le 08 août 2008.

Tous les projecteurs sont braqués sur cet immense pays (géographiquement, tout du moins).
Le moins que l'on puisse dire est qu'il attire, qu'il
fascine, qu'il intrigue. On le critique autant qu'on l'admire. On s'en méfie aussi parfois. D'autant plus que ses dirigeants le mènent d'une main de fer et que censure, dictature, privations de liberté et autres entorses aux Droits de l'Homme sont monnaie courante et ne peuvent laisser de marbre tous ceux qui ont ces valeurs à coeur.

288154354_9dae11aea6Mes sentiments à l'égard de ce pays sont ainsi plutôt mitigés et j'apprécie donc de me renseigner et de lire ouvrages, blogs, articles...

¤ Je ne connais pas tellement la littérature chinoise mais je vous conseille de vous procurer le célèbre ouvrage de Dai Sijie, Balzac et la petite tailleuse chinoise*. Ce roman autobiographique/historique/initiatique est l'occasion de découvrir un pan de l'histoire de la Chine, celle de la Révolution Culturelle. Le narrateur, un jeune adolescent envoyé en "rééducation" dans les montagnes, nous permet de nous représenter la Chine de l'époque. Quelques touches d'humour adoucissent cette description réaliste de la répression des autorités chinoises et de sa "lutte" contre les Intellectuels. C'est aussi l'occasion de lire une belle histoire, un joli roman d'amour, une ode au plaisir de lire.
Je me suis également procuré deux bandes dessinées dont l'action se déroule à peu près à la même époque. Je donnerai quelques impressions quand je les aurai terminées.
J'ai enfin commandé deux ouvrages d'un journaliste installé à Pékin depuis des années et qui connaît vraiment bien son sujet : l'un est un "documentaire", l'autre un recueil de nouvelles qui met en scène des personnages de-la-vie-de-tous-les-jours. Un article dès que je les ai reçus et lus!

¤ Parmi les lectures qui me permettent de "découvrir" la Chine d'aujourd'hui comptent ces sites et blogs :
Aujourd'hui la Chine : toute l'information sur la Chine (économie, culture, tourisme, actualités...)
Chinopsis : scénario photographique d'une Chine en mouvement...
Camilleenchine : blog d'une française en Chine
Chou Chine : blog (20minutes) d'un français parti à la découverte de la Chine
Beijing Express : blog de Marie Huret, journaliste (L'Express) qui livre de petites anecdotes sur Pékin, autour des Jeux sans parler véritablement des Jeux... A lire!
Mon journal olympique : chroniques de Pékin 2008. Blog d'un journaliste du Monde.F0025988
Blog en Chine : un regard différent, ce blog donne la parole aux Chinois. L'auteur du blog traduit en effet des pages web, des blogs, des propos qu'il a lus, échangés avec des Chinois. Intéressant car il offre un autre point de vue que le nôtre sur des événements
plus ou moins similaires.

¤ De Mao aux JO : un documentaire proposé sur le site d'Arte. A découvrir.


Bonne lecture et bonne découverte (à enrichir... N'hésitez pas à me laisser des liens, des références d'ouvrages à consulter) !

 

* Les cinéphiles auront même l'occasion de visionner le film si cela leur chante. Celui-ci est assez fidèle au livre puisque l'écrivain a participé à l'adaptation du roman pour le cinéma.   

14 août 2008

Oh...

Perdu aussi bien dans les méandres de ma mémoire qu'aux confins du royaume cybernétique, un blog, en jachère, à l'abandon comme un vieux livre (oh non pas un grimoire, pas assez épais et peu consistant !) poussiéreux que l'on aurait laissé de côté, au milieu des toiles d'araignées tissées depuis quelques années...

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Il s'agissait de mon blog ...!

Nous sommes en 2008...
Tant de choses ont changé... Et si peu finalement.

Je retrouve ce chemin par hasard, un peu stupéfaite.
J'essayerai de me le rappeler, de ne plus "oublier", de ne plus le mettre de côté.

 

A très bientôt.

2 septembre 2005

Roman

Paludes d'André Gide

arbre1Considéré parfois comme le premier roman moderne, Paludes est très particulier. Il raconte l'histoire d'un écrivain et l'évolution de son roman Paludes qu'il rédige petit à petit, à gré de ses rencontres, lectures (les références à Virgile sont nombreuses), discussions... Ce roman dont la genèse est développée, évoque des thèmes chers à André Gide comme l'aveuglement, le bonheur, la liberté, les habitudes et la difficulté que l'on a à s'en extraire... Paludes (celui de Gide!) offre une réflexion sur l'art et son rôle, la marginalité de l'artiste dans la société... Le livre est bref, la lecture aisée. Mais c'est assez déroutant et ça pourrait en ennuyer plus d'un. (Mais si vous aimez l'originalité, n'hésitez pas...)

Dans le même genre (c'est-à-dire en ce qui concerne la mise en scène de l'écriture de l'écriture ;) ) mais en plus humoristique, on peut lire Le Vol d'Icare de Raymond Queneau: l'histoire complètement loufoque est celle d'un personnage de roman qui "prend vie", se met à "exister vraiment"...

2 septembre 2005

Petits sondages de rentrée...

Aujourd'hui, douze millions d'élèves d'élèves font leur rentrée. Cartables, crayons de couleur bien taillés, gomme, cahiers neufs... Toutes ces petites bonnes choses dont on se souvient avec délice... Le plaisir de sentir ses livres neufs, l'odeur de la craie, de retrouver ses amis, d'évoquer les vacances et la joie (ou non!) de reprendre le chemin de l'école, de changer de classe, de grandir...

 

Un peu éloigné de tout cela : les sondages (bien que le monde des chiffres ne soit pas si étranger à celui de l'école ;) )... En cette rentrée scolaire, ils se sont bien évidemment intéressés à l'avis des Français concernant l'enseignement, les professeurs, les programmes scolaires, l'Education Nationale... Et quelques chiffres sont assez marquants :

 

¤ 51% des Français critiquent l'enseignement en France.

 

¤ Pourtant, il semblerait (d'après Le Monde de l'éducation et Telerama) qu'ils "aiment les profs" 1881203071car un français sur trois (33%) conseillerait ce métier à ses enfants. Mieux encore, le métier d'enseignant arrive en troisième position des professions que les Français recommanderaient à leurs enfants, derrière médecin (choisi par 43% des personnes interrogées) et ingénieur (35%).

 

Il affirme également que 66% des Français pensent que le système éducatif français donne aux jeunes une bonne culture générale mais, seulement 34% estiment qu'il les prépare à rentrer dans le monde du travail... (le jugement est un peu plus nuancé que précédemment)

 

En fin de compte, je me demande si c'est véritablement le métier de professeur qui plaît aux Français: pourquoi alors, critiquer l'enseignement reçu par ses enfants? A moins qu'ils ne critiquent les "programmes" que doivent respecter ces derniers. Mais les connaissent-ils? Comment les améliorer? Que changer?

 

Une évidence: il est facile de critiquer mais beaucoup moins aisé de trouver des solutions aux problèmes. Et les sondages loin de proposer une démarche intelligente, d'instaurer un débat et de demander un minimum de réflexion aux sondés, se proposent de refléter leurs opinions souvent formulées de façon irréfléchie, plutôt "dans le mouv' ", pleines de préjugés. Puis ils balancent les chiffres, contents d'affirmer clairement une idée, une doxa que tout le monde devrait suivre... Majorité oblige: elle n'a jamais tort, paraît-il. Je suis certaine que leur influence est néfaste. D'ailleurs, ce n'est presque plus à prouver, depuis un certain 21 avril...

 

Ce sondage reprend un topos vieux comme le monde: celui de la décadence des moeurs : tout se perd, tout se dégrade, tout est de pire en pire. En bref : c'était mieux avant!

 

Pourtant, rien n'est moins sûr...

 

crayons1Il n'est toutefois pas négligeable de noter que professeur arrive assez loin derrière médecin et ingénieur, deux professions respectacles (et qui plus est dans le domaine des sciences...)(*). Deux remarques: j'ai d'abord été surprise, car c'est assez bien et puis... je me suis dit que ce n'était pourtant pas l'impression que j'avais. Les professeurs souffrent malheureusement de critiques assez virulentes à propos de leur statut de fonctionnaires (paraît que ce sont des "branleurs" qui ont 6 mois de vacances par an et ne "foutent rien" pendant l'année car n'enseignent que 18 heures par semaine)... On le leur reproche, et de manière par toujours agréable à entendre comme le sous-entendent les mots mis entre guillemets. Alors je me dis que peut-être que les Français conseilleraient finalement cette profession à leurs enfants pour ces mêmes motifs qui les poussent à dénigrer ce métier ("le plus beau métier du monde", pourtant :) )... Il faut de toutes façons savoir que depuis toujours (il suffit de lire Horace et ses Satires) les gens trouvent l'herbe plus verte dans le pré d'à côté et à mon avis, ils se font une idée pas tout à fait exacte de ce que demande le travail de professeur: ils n'y voient que ses avantages qui leur font espérer un travail qu'ils estiment facile et la sécurité de l'emploi pour leurs enfants.

 

Pourtant, comme dans chaque profession, il y des avantages mais aussi bien des inconvénients...

 

Mise à part cette petite réflexion, je vous souhaite à tous une excellente rentrée. Bon courage =)

 

 

(*) je me permettrais, une autre fois, de donner mon avis quant au métier d'ingénieur ;)

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